Médecine antique


Aiguille à cataracte (?)

 

 

A Reims, dans la tombe d'un ophtalmologue, on découvrit un ensemble de 9 aiguilles, et on les interpréta comme aiguilles à cataracte. Le principe de l'écartement de la lentille opaque hors de l'axe optique était donc connu des Romains et la technique était bel et bien pratiquée.

 

Nous présentons une aiguille (longueur totale 115 mm, longueur du manche 24 mm, épaisseur maximale 10 mm) qui a pu, je répète, a pu servir à opérer la cataracte. En fait il s'agit plus que probablement d'un accessoire féminin, d'une aiguille servant à retenir la chevelure (acus comatoria).

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Aiguilles à coudre

 

 

CELSE nous lègue la description détaillée d'une suture de la paroi abdominale:

"Le ventre est quelquefois atteint de blessures pénétrantes, par lesquelles les intestins peuvent s'échapper au dehors. Quand un pareil accident arrive, il faut examiner sur-le-champ si les intestins sont intéressés, et s'ils conservent une coloration naturelle. J'ai déjà dit que, dans les perforations de l'intestin grêle, il n'y a rien à faire. On peut traiter par suture celles du gros intestin, non que ce moyen mérite une entière confiance, mais parce qu'il vaut mieux tenter une chance incertaine que de laisser le malade sans aucun espoir  (..). Le blessé doit être couché sur le dos, les cuisses relevées; et si la blessure n'est pas assez large pourqu'on puisse commodément refouler l'intestin, on lui donne au moyen d'une incision l'étendue convenable (..). La réduction terminée on agite doucement le malade afin que chaque part des intestins se retrouve dans la situation première et s'y tienne (..). Recoudre isolément le péritoine ou la peau ne suffirait pas, l'un et l'autre doivent être réunis par suture; il faut même la pratiquer avec un fil double (..). Chaque main sera donc armée d'une aiguille chargée d'un fil double, et l'on commencera par coudre le péritoine de telle sorte que l'aiguille de la main gauche traverse le côté droit de la plaie et celle de la main droite le côté gauche, à partir de l'origine de la blessure, et en procédant toujours de dedans en dehors" (Frédéric Dubrana, Philippe Pasquier, Ligatures et sutures chirurgicales: Techniques chirurgicales, Springer 2011; cit. Celse, Traité de la médecine en huit livres, traduction M. des Etangs, Paris 1859 p.224-225).

 

Sur les aiguilles chirurgicales anciennes

 Le caractère médical se reconnait au caractère polyvalent de l'instrument. Ainsi l'une des aiguilles présentées porte une petite cuiller d'un diamètre de 5 mm.

longueur de l'aiguille droite 122 mm
longueur de l'aiguille courbe 111 mm

 Provenace inconnue.

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Cautère

vers 300 apr.Chr .

 

La pointe incandescente de cet instrument a pu servir à cautériser des plaies ou à arrêter des saignements. L'angulation de la pointe aurait empêché l'instrument de pénétrer trop en profondeur. 

 

Il se peut que l'instrument corresponde au "hamulus acutus", dont parle CELSE (VI, 7,9, à son "hamulus retusus paulum recurvatus", resp. au "hamulus acutus paulum mucrone intus recurvatus" (VI, 7,4).

 

Profondeur de pénétration de la pointe 6 mm. Longueur de l'instrument 189 mm.

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Crochet et drille (?)

Bronze, vers 300 apr.Chr. 

 

 

Bien des objets antiques sont difficiles à identifier, tels ces deux ustensiles en bronze:


- un crochet (lat. hamulus) (longueur 113 mm, diamètre de l'anneau 9 mm) pour lequel on peut imaginer toutes sortes de fonctions, pourquoi n'aurait-il pas servi à l'occase à écarter les bords d'une plaie chirurgicale ?


- une drille (?) que nous présentons séparéments plus loin.

 

 

Le chirurgien romain transportait pareils instruments dans un étui appelé "capsa" par analogie aux grandes "capsae" dans lesquels on transportait des documents. 

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Cure dent

Römischer Zahnstocher aus Trier 

 

Les Romains souffrant fréquemment de leurs dents carées, les trucs possibles et impossibles circulaient: faire bouillir des grenouilles dans du vinaigre et gargariser avec le liquide obtenu. Certains juraient sur la pisse de petits garçons ...

 

 

L'existence du mot "dentiscalpium" à elle seule démontre l'existence d'un instrument servant à nettoyer les dents. Dans son "Festin chez Trimalcion", PÉTRONE, un contemporain de Néron, décrit, comment l'hôte se sert d'une "Spica argentea" pour rincer ses dents avant [sic] le festin.

 

M. Valerius MARTIAL, qui vécut de 40-103 apr.Chr., parle du cure dent à quatre reprises:

 

Lentiscus melius: sed si tibi frondea cuspis
Defuerit, debtes pinna levare potest.

 

Notre instrument fut découvert en 1999 lors d'une fouille privée dans la "Ursulinenstrasse" à Trèves. Diamètre de l'anneau 36 mm, longueur de ce qui a pu être un cure dent 67 mm,  le petit bout de métal de 40 mm de long est peut-être le reste d'une cuiller à nettoyer l'oreille ou d'un cure-ongle.

 

 

Literatur:

  • Hans Sachs, Der Zahnstocher und seine Geschichte. Eine kulturgeschichtlich-kunstgewerbliche Studie (Reihe: Kulturgeschichte der Zahnheilkunde in Einzeldarstellungen, Band 1, 62 S Orig.Leinen kl4°; mit 87 Abbildungen und 1 Tafel, Berlin 1913
  • Hirschfelder, Gunther, Europäische Esskultur. Geschichte der Ernährung von der Steinzeit bis Heute. 2001, 327 S. ISBN: 3593368153

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Drille

 

 

Le chirurgien aux origines grecques (la ville d'Apaméia dans l'actuelle Syrie) ARCHIGÈNE se servait au 2ème siècle apr.Chr. d'un trépan très fin pour ouvrir une dent noire, douloureuse (cit. Walter von Hoffmann-Axthelm, Die Geschichte der Zahnheilkunde. Buch- und Zeitschriftenverlag „Die Quintessenz“, 1973).

 

Après avoir utilisé la drille comme trépan pour ouvrir le crâne, il eut l'idée de trépaner les dents douloureuses pour soulager la pulpe enflammée. 

Sa technique semble avoir convaincu ses confrères puisque GALIEN s'y rallia.

 

Nous présentons une tige qui se termine par une espèce de couronne. Il s'agit peut-être d'une drille utilisée par un menuisier de l'époque et, pourquoi pas, par un chirurgien dentiste. Longueur de l'instrument: 156 mm.

 

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Esculape et Telesphore (1)

Autel privé, vers 100 apr.Chr. 

 

Petit haut-relief en pierre ayant probablement servi d'autel dans une habitation privée en Bulgarie, représentant le dieu de la santé Esculape accompagné du petit Telesphore "de celui qui promet la guérison", ce dernier vêtu de sa pélerine de style thracien.

 

Lit.:
W. Deonna, De Telesphore au "moine bourru", Collection Latomus, vol.XXI, Berchem/Bruxelles 1955

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Esculape et Telesphore (2)

Schönert-Geiss 146 (V 67/R 124) Moushmov 5041         

 

 

TELESPHORE – CELUI QUI PORTE LE BUT – qui apporte la fin des souffrances, le génie de la guérison ... 

 

Ce n'est que dans une phase tardive de l'histoire de la médecine antique qu'il viendra assister Esculape - pour ainsi dire comme son "fils": il semble que c'est l'oracle de Pergame qui l'introduit dans son culte pour interpréter les songes des fidèles: les rêves des patients interpétés au temple, un élément important de la médecine grecque.

 

En fait il semble que ce nain encapuchonné est une divinité celte reprise par les Grecs quand ils peuplaient les rives de la Mer noire.

 

www.symbolon.de/books2003/olymp.htm

www.medicina-naturista.ch/geschichte_schroepfen.htm

 

Nous présentons une monnaie frappée du temps de l'empereur Caracalla [*188; empereur de 211-217 apr.Chr.] à Trajanopolis en Thrace [l'actuel Rekna Devia/ Bulgarie]:


obvers: buste avec couronne de laurier - AUgustaTrajana K Marcus AURelius CaEsar - [ANTONEINO C].
revers: Telesphore debout, [TRAIANO-POLEITON] (lieu de la frappe).

 

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Figurines votives

vers 200 apr.Chr.

 

 

Les deux figurines en terre cuite, hautes de 8 cm, viennent de la région de Naples, où ce genre d'ex-votos se retrouve par milliers: une fabrication artisanale à grande échelle répondant donc à un réel besoin. Vous dire que la médecine avait bien pris des allures scientifiques depuis Hippocrate, mais que l'impuissance des médecins laissait un champ d'action bien vaste aux prètres de plusieurs dieux guérisseurs de type Grannus en Gaulle ou Esculape en Italie. 

 

L'imagination aidant, on peut discerner sur la droite une femme enceinte, sur la gauche une femme apparamment normale porteuse peut-être d'une maladie ou d'un désir d'enfantement non exaucé.

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Flacon

Flacon trouvé à Trèves, vers 200 apr.Chr. 

 

Les Romains connaissaient une large palette de flacons pour conserver crèmes, essences, huiles et épices. Le médecin gréco-romain DIOSCORIDE de décrire une première fois la conservation de médicaments dans ces verres et GALIEN, médecin attitré de l'empereur Marc Aurèle, de recommander ce type de récipients pour les médicaments.

 

Ne me demandez pas ce que le petit verre a pu contenir initialement: de l'huile de rose pour la toilette d'une belle romaine, de l'encre pour rédiger un papyrus, dieu seul le sait !

 

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Lancettes

 

 

L'utilisation médicale des instruments présentés est des plus incertaine. Künzl s'étonne du peu d'instruments de saignée connus "Aderlassinstrumente m u s s  es im Altertum häufig gegeben haben. Wenn unter den Grabfunden kaum einige zu sein scheinen, so ist dies entweder Zufall der Erhaltung, oder die Instrumente sind vorhanden, wir erkennen sie nur nicht"

 

(E. Künzl, Medizin. Instrumente aus Sepulkralfunden d.röm. Kaiserzeit, Bonner Jahrb. 182, 1982 p.17).

 

 

Les deux "lancettes" présentées pourraient correspondre à des phlébotomes - la ressemblance avec des trouvailles d'Ephèse (image 20 n°22 chez Künzl) est frappante.

 

 

Les deux bronzes présentées proviennent du sud de l'Angleterre:  longueur 128x13mm respectivement 131x11mm

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Nécessaire de bains (1)

 

 

Nécessaire en bronze, comprenant un grattoir (longueur de 184 mm), une cuiller auriculaire (longueur 156 mm) et un cure-ongle:

 

1. le grattoir pourrait correspondre à un rasoir servant à épiler bras et jambes.

 

2. la cuiller auriculaire se retrouve fréquemment, "unendlich häufig unter dem antiken Fundgut" dit A. Krug.

 

3. le cure-ongle est d'un type très primitif avec une pointe tout juste qui se cache entre deux feuillets de protection.

 

Les trois objets proviennent d'un faubourg au sud de la ville anglaise de Birmingham, où on les trouva non loin d'un ancien campement militaire romain.

 

Lit.:

E. Riha, Röm. Toilettgerät u. medizin. Instrumente aus Augst und Kaiseraugst, in: Forsch.i.Augst Bd.6, 1987

A. Krug, Heilkunst und Heilkult, Medizin in der Antike, 1993