Anesthésie |
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Chloroforme, flacons compte-gouttes |
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Les flacons - toujours de couleur brune - servaient à faire goutter le chloroforme sur le masque, à raison d'une goutte toutes les deux secondes à peu près.
Nous présentons deux de ces flacons très maniables que les américains appellent des "dripdrops". Sur l'image de gauche un flacon de transport à diamètre rond. |
Anesthésie |
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Chloroforme, flacon de transport |
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Le chloroforme de désintégrant sous l'influence de l'oxygène atmosphérique et de la lumière, en acide chlorhydrique et en phosgène hautement toxique, il doit être conservé dans l'obscurité, dans des flacons opaques ou bruns.
Nous présentons un flacon de transport et de conservation à base carrée (hauteur 19.0 cm, largeur 8.5 cm) bien plus rare que les flacons ronds
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Anesthésie |
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Chlorure d'éthyle (1) |
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L'application locale du chlorure d'éthyle remonte au médecin et dentiste genevois Camille REDARD (1841-1910), qui en parla en 1888.
Le chlorure d’éthyle permit aussi bien l’anesthésie rapide par inhalation que l’anesthésie locale par le froid. Son évaporation sur la peau consommant une grande quantité de calories, le froid ainsi provoqué permet l’apparition d’un givre provenant de la vapeur d’eau de l’air ambiant ; ce phénomène permet de juger le moment opportun pour une incision d’abcès par exemple!
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Anesthésie |
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Chlorure d'éthyle (2) |
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Nous présentons un flacon de Kélène "Dr. THILO" fabriqué à Mayence" dans les années 30, avec une ouverture latérale.
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Anesthésie |
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Chlorure d'éthyle (3) |
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"Chloréthyle du Dr. Bengue Bte S.G.D.G. |
Anesthésie |
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Chlorure d'éthyle (4) |
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Etiquette Dr. Georg Friedrich HENNING
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Anesthésie |
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Chlorure d'éthyle (5) |
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Un témoignage pour vous montrer la diffusion phénoménale du "Chloréthyle BENGUE": un médecin en reprenant un cabinet médical en Afrique écrivit
A la fin du 19ème siècle le pharmacien Parisien Jules-Bernard BENGUE (1840-1898) avait développé une crème refroidissante dans la composition de laquelle entraient Menthol, Salicylate et Lanoline. Ce produit, introduit sur le marché américain en 1898, s'y vendait à merveille sous l'appellation américanisée de "Ben-Gay". Il détenait en fait toute une série de brevets: Poire lance-parfum. August 21, 1903: FR330577-A Encrier à double compartiment. November 11, 1908: FR391857-A Compte-gouttes. September 9, 1932: FR731899-A Dispositif obturateur de bouteilles et formant simultanément mesureur et verseur. March 28, 1934: FR761840-A
Nous présentons deux de ces flacons pressurisés, qui se retrouvent assez fréquemment sur nos marchés aux puces. Un bel article de la plume du docteur Louis-Jean DUPRE se trouve dans le journal "Clystère" n°24 (2014) du confrère J.P MARTIN. https://clystere.pagesperso-orange.fr/numero-pdf-download/clystere_n34_nov_2014VA.pdf |
Anesthésie |
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Ombredanne (1) |
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En 1801 Michael FARADAY, un élève de Davy, redécouvrit l'effet anesthésiant des vapeurs d'éther, un effet décrit au 16ème siècle par PARACELSE. Ce n'est qu'en 1842 que Crawford W. LONG (1815-1878), un médecin généraliste américain de Jefferson, réalisa la première intervention chirurgicale sous éther, l'excision d'une tumeur. Une première non reconnue comme telle! Un certain JACKSON de Boston perdit conscience par hazard quand il inhala des vapeurs d'éther et commença à alors à s'intéresser au phénomène. Pour l'extraction de dents dans leurs cabinets les deux dentistes américains Horace WELLS et William G. MORTON (1819-1868) utilisaient d'abord le gaz hilarant (1844) avant d'en venir à l'éther (1845/46). Le 16.10.1846 MORTON procéda à la démonstration publique à Boston sur un patient atteint d'une tumeur de la mâchoire, en décembre de la même année le chirurgien londonien Robert LISTON utilisa la première fois en Europe cet éther lors d'une amputation de jambe.
Quel gaz employer?
Louis OMBREDANNE (1871-1956) était chirurgien à Paris, où il fit progresser e.a. la chirurgie pédiatrique en développant des techniques révolutionnaires, p.ex. pour le traitement de l'hypospadie. En améliorant la boule métallique utilisée en 1882 par Robert Hinckley (voir le tableau au Massachusetts General Hospital représentant la fameuse anesthésie à l'éther 1846) il parvint à un instrument permettant un dosage tout à fait judicieux. En 1905 il présenta son instrument, une boule creuse remplie de feutre, munie d'une soupape à curseur: Quel ballon utiliser? Les premiers ballons étaient faits en vessie de porc, un article courament vendu à l'époque Ce matériel fut plus tard remplaçé par du papier ciré, moins élastique. Notre ballon provient encore du porc ... www.cas.ca/public/archive_catalog/Brochure.pdf"
Notre Ombrédanne fut utilisé d'abord à la Maternité du Pfaffenthal (1876-1936) à Luxembourg, puis à la Maternité Charlotte à partir de 1936. L'appareil, d faction toute simple et robuste, continua à être commercialisé par la firme belge "Manufacture Belge de Gembloux" pendant la deuxième guerre mondiale (Catalogue S. 96). Rappelons à cette occasion une forme d'appliquation de l'éther abandonnée: l'injection intraveineuse proposée en 1909 par le chirurgien allemand Ludwig BURKHARDT (1872-1922) (MMW 1909 nr.46, cit. Zbl.Gyn. 1910 nr. 34 p. 1159). On injecta une solution à 5% d'un mélange d'éther et d'NaCl physiologique.
Lit.: |
Anesthésie |
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Ombredanne (2) |
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Un second appareil très similaire appartenait à Dr. PRIM, qui a exercé au Luxembourg de 1919 à 1974. Le masque est maintenant en partie en caoutchouc et se niche mieux sur le visage du patient.
1) la première à l'air libre
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Anesthésie |
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Ombredanne (3) |
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La grande image du haut montre l'intérieur d'une salle opératoire de l'ancien "Hôtel Dieu" d'Orléans (la salle Froberville). On reconnait une petite table à l'avant-plan droit sur laquelle les bonnes soeurs ont placé leur toute dernière acquisition: un appareil à éther. La salle pour le reste se présente comme un ensemble assez encombré et de ce fait bien difficile à nettoyer ... L'agrandissement montre bien qu'il s'agit d'un OMBREDANNE ! Huet de FROBERVILLE (*1752 à Romorantin, mort en 1838), était membre de l'Académie d'Orléans, "Secrétaire perpétuel" de l'"Académie des belles-lettres, sciences et arts de La Rochelle". Il nous a laissé:
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Anesthésie |
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Ether, flacon compte-gouttes |
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Un des premiers anesthésiques par inhalaison était le marihouana Les anciens Scythes brûlaient ses semences dans leurs tentes pour entrer en transe - et oubliaient d'introduire la technique en médecine. Ce ne sont que les Romains qui découvrirent l'effet anagésique: PLINE l'Ancien écrit que le marihouana réduit la douleur, et Pedanios DIOSCORIDE nous rapporte l'effet du jus de marihouana sur les douleurs otiques. Depuis le moyen-âge le marihouana est utilisé pour combattre les douleurs de l'accouchement et du post-partum.
Ether des mourants "Sur la commode, autel improvisé, j'aperçus un crucifix, un rameau de buis, enfin, tous les apprêts d'un sacrement redoutable; en même temps, je sentis une odeur d'éther, ce parfum des mourans, et mon coeur se glaça, car je crus respirer une exhalaison de la tombe" (Charles de Bernard, La peine du talion, dans: Courrier du Grand-Duché de Luxembourg du 7.10.1846).
Pourquoi ce lien entre mort et éther? On peut lire qu'au début du 20ème siècle on injecta l'éther pour faire revenir les moribonds à la vie: "Au début du xxe siècle, et surtout dans l’entre deux guerres, avec les progrès technique, certains clercs n’hésitent pas à recommander l’emploi de cordiaux (injections intraveineuses ou même intracardiaques d’éther, de caféine, d’huile camphrée, d’adrénaline) ou la mise en œuvre du massage cardiaque pour ranimer le cœur défaillant des moribonds" (Maurice D’HALLUIN, Résurrection du cœur, la vie du cœur isolé, le massage du cœur, Paris, Vigot, 1904).
Cela se passa en 1904, et non en 1846! Nous croyons que Bernard prit la liberté du poête en sentant le corps éthérique quittant la corps ordinaire au moment de la mort. En concentrations très basses l'éther excite la moëlle épinière et provoque des réflexes accentués. Jamais, hélas, on ne réussit de la sorte à réactiver des réflexes vitaux.
L'Ether "pro narcosi"
Suite à des accidents répétés que l'on attribua à des dosages imprécis, on développa plein de compte-gouttes permettant un dosage plus précis. L'anesthésie au compte-goutte est dépassée de nos jours, la dernière à être rapportée se passa à Leipzig en 1971 (cit. kai.uniklinikum-leipzig.de/_patienteninfo/allg_geschichte.html
Sur la gauche de notre image vous voyez un flacon avec verrouillage, à droite un bouchon sans verrou - ce type de flacons se fermant au moyen de capuchons - les deux capuchons étant reliés par une chaînette. |