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Crachoir (10)

Sanatorium de BLIGNY

 

 

A Bligny (Seine et Oise) on regroupait trois sanatoria .


"La Société des sanatoriums populaires pour les tuberculeux adultes de Paris, constituée en 1900, se rend propriétaire du domaine de Bligny. Les travaux démarrent en 1901, année de naissance de la fameuse loi sur les associations qui permet la transformation de la société en oeuvre des sanatoriums populaires de Paris. L’association est reconnue d’utilité publique en 1902 ; elle recevra ses premiers malades en 1903. Dès la première année, les malades affluent ; le sanatorium en accueillera jusqu’a 600. Il bénéficiera pendant plus de 80 ans du concours des religieuses de la congrégation des soeurs de Saint Joseph de Cluny.
Les professeurs CALMETTE et GUERIN travailleront à la mise au point du B.C.G. à Bligny.
La tuberculose enfin maitrisée l’association, devenue Centre Médico-Chirurgical de Bligny, procède à la transformation de l’établissement admis à participer au service public hospitalier à partir du 1er janvier 1977. En 2003, elle change de nom pour devenir : Association Centre Médical de Bligny".

 


"Ouvert en 1903, le sanatorium de Bligny, premier de la région parisienne, s’étale sur une colline bien exposée de l’Essonne. Longtemps, le séjour au « sana » a été l’unique remède à la tuberculose, avec cure d’air pur, repos et nourriture abondante comme traitement de base. C’est seulement à la fin des années 1960 que la découverte d’antibacillaires puissants apporte une guérison durable à ces « poitrinaires ». Ces combats contre la phtisie, particulièrement dévastatrice en France, Charlotte Gebusson les mènera tous, comme malade d’abord, puis comme attachée du laboratoire de Bligny, qui participait à la recherche sur les traitements. A l’époque, des religieuses assurent l’encadrement et le recrutement des salariés se fait essentiellement par cooptation : « Il y avait beaucoup d’anciens malades, des Bretons et quelques Alsaciens... Quand nous sortions, on nous regardait comme des pestiférés », raconte une ancienne. La contagion fait peur ! Alors, la vie s’organise en quasi-autarcie sur ce domaine de 85 hectares. 


"On faisait de ces repas ! Tout le personnel mangeait ensemble, matin, midi et soir, avant de servir les malades. C’était une vie communautaire. » Les familles des employés, logées sur place, peuvent se fournir à moindre coût à « la dépense » de l’hôpital. Les médecins sont servis à domicile : « Il fallait voir les brouettes chargées de légumes et de fleurs qui descendaient ! Ce luxe de produits frais vient en bonne partie de la production de l’hôpital. Il y avait 150 cochons, 300 poules, des lapins, des canards... Une ferme, un potager, un verger. Les malades ont mangé de la viande à chaque repas pendant toute la guerre. Tapie derrière les bons souvenirs, la maladie se ferait presque oublier. C’était dur, très dur de voir ces jeunes s’accrocher à nous, de les voir cracher leur sang. De voir mourir des malades qu’on connaissait bien".


Les séjours durent rarement moins d’un an, et parfois bien plus. Certains patients restent sans permission de sortie trois années durant. Le temps est long et la journée rythmée seulement par les repas et les cures d’air. Quatre, voire cinq fois par jour, les malades s’installent sur des chaises longues dans les galeries ouvertes. Les médecins les surveillaient de la pelouse. Et s’il en manquait un, qui aurait voulu prolonger une partie de cartes, gare ! Mais je crois que cette immobilité les minait. Le personnel est là pour rendre aux patients l’espoir de la guérison. Les médecins m’appelaient souvent pour que je dise à un malade, avec mes mots simples, que oui, on pouvait s’en sortir. Et l’exemple des anciens était là aussi pour le prouver".


Dès que leur santé le permet, les malades participent à la vie commune. Ils font leur chambre, aident à la pluche des légumes, à l’effeuillage du tilleul, au ramassage des glands et des châtaignes. Le réentraînement à l’effort est considéré comme thérapeutique, aussi bien physiquement que moralement. Dans le projet du médecin-directeur de l’établissement, le Dr Louis Guinard, très vite des distractions apparaissent : séances de cinéma dès 1906, représentations dans le théâtre de l’hôpital, inauguré en 1934. On a vu défiler tous les chansonniers venus de Paris : Raymond Souplex, Pierre Dac, Jean Amadou... Venus pour la journée, ils s’en retournaient avec un panier bien rempli ! Mais rien ne doit entraver la discipline rigoureuse. Les femmes étaient devant, et puis deux rangs d’infirmières, comme des sentinelles, et les hommes derrière ! Des grillages séparaient le pavillon des femmes de celui des hommes, et si on était pris de l’autre côté, c’était la porte ! Pour le personnel, la règle est plus souple.


(cit.: https://www.viva.presse.fr/A-Bligny-le-soleil-venait-toujours.html).

 

Détail d'une carte postale ancienne "Ne crachez pas à terre"